0

J’veux pas faire mes devoirs …

Lecture : 10 min.

De 1912 à aujourd’hui à l’école primaire : interdits les devoirs à la maison ?

Les devoirs à la maison qui perdurent sont souvent une réponse à des sollicitations voire des pressions 
- des familles : « voir ce qui est fait à l’école, aider mon enfant le soir, savoir ce que je dois faire pour le faire progresser, un bon maître, c’est celui qui donne beaucoup de devoirs »
- des équipes pédagogiques : « ça se fait dans cette école »
- des habitudes : « j’ai eu des devoirs, moi, quand j’étais à l’école »
- du programme : « j’ai pas eu le temps de terminer alors, ils finiront à la maison »
- du collège : « donnez-leur des habitudes de travail, rendez les autonomes» – l’autonomie bien différente au collège et à l’école : un enfant autonome à l’école, c’est celui qui se lève sans permission pour aller chercher un dictionnaire ou un documentaire dans la bibliothèque, alors qu’au collège, c’est celui qui fait ses devoirs !!!

La question à se poser, c’est « pourquoi je donne ou je donnerais des devoirs ? ». Quel intérêt pour les apprentissages de mes élèves ? Sont-ils en capacité tous de fournir ce travail supplémentaire ?

Les devoirs écrits sont bel et bien interdits !!
Ce qui suit rappelle les différents textes et circulaires parus au BO depuis 1912. On notera au passage que les études dirigées intégrées dans les horaires de l’école ne sont plus en vigueur aujourd’hui. Cependant méthodologie, développement des compétences de travail en autonomie, … font bien encore partie de nos enseignements.

Alors que donner à faire à la maison ? Là encore ayons une attitude réflexive et demandons-nous ce qui pourra être fait pas TOUS et ce que cela va apporter à TOUS. En effet, nos élèves ont-ils tous un bureau ou un coin de table de cuisine pour poser leurs cahiers, ont-ils tous un grand frère en 5ème ou des parents qui pourront soit les aider ou mieux encore payer des soutiens scolaires, pourront-ils tous effectuer leurs recherches pour leurs exposés sur internet avec l’ADSL et l’aide de leurs parents ou avec le dictionnaire que le grand frère a eu lors de son passage au collège ?
Et si malgré tout les devoirs ne sont pas faits ? Punir, sanctionner, donner une mauvaise note, les faire faire pendant les récréations ?

1912

Circulaire (novembre 1912) – Académie de la Haute-Marne (l’Inspecteur d’Académie de la Haute-Marne)
Objet : suppression des devoirs écrits dans la famille.
L’inspecteur d’académie 
Mes chers collaborateurs, 
J’ai appelé déjà votre attention sur les devoirs écrits faits dans la famille. Je vous ai dit que l’utilité en était fort contestable, qu’ils risquaient, après une journée scolaire de six heures, de fatiguer l’enfant, que les conditions matérielles où ils sont la plupart du temps exécutés, pouvaient les rendre nuisibles à la santé de nos élèves ; et je vous ai recommandé de les donner très courts, si vous ne les supprimiez pas tout à fait.
J’estime, expériences faites, que leur suppression absolue s’impose.

1913

[Org. : Revue pédagogique (1913, 1, pp. 185-186), avec l’introduction suivante :
“Nous croyons intéressant de signaler une innovation de M. Blanguernon, inspecteur d’académie de la Haute-Marne, qui, estimant plus fâcheuse qu’utile la pratique des devoirs faits à la maison les a supprimés complètement, dans son département, depuis le 1er janvier dernier. M. Blanguernon a exposé les motifs de sa détermination dans la circulaire suivante, adressée aux inspecteurs primaires de la Haute-Marne”].

1956

Le BO n° 42 du 29 novembre 1956 modifie les horaires des cours élémentaire, moyen et supérieur des Écoles primaires :
Sur 30 heures hebdomadaires, 5 sont consacrés aux devoirs.
Circulaire du 29 décembre
I. SUPPRESSION DES DEVOIRS À LA MAISON OU EN ÉTUDE
Principes
Des études récentes sur les problèmes relatifs à l’efficacité du travail scolaire dans ses rapports avec la santé des enfants ont mis en évidence l’excès du travail écrit généralement exigé des élèves. En effet, le développement normal physiologique et intellectuel d’un enfant de moins de 11 ans s’accommode mal d’une journée de travail trop longue. Six heures de classe bien employées constituent un maximum au-delà duquel un supplément de travail soutenu ne peut qu’apporter une fatigue préjudiciable à la santé physique et à l’équilibre nerveux des enfants. Enfin, le travail écrit, fait hors de la classe, hors de la présence du maître et dans des conditions matérielles et psychologiques souvent mauvaises, ne présente qu’un intérêt éducatif limité.
En conséquence, aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne sera demandé aux élèves hors de la classe. Cette prescription a un caractère impératif et les inspecteurs départementaux de l’enseignement du premier degré sont invités à veiller à son application stricte. 
[…]
Les études du soir, rappelons-le, si elles n’ont rien d’obligatoire, correspondent en bien des milieux à une nécessité sociale. Travail extérieur de la mère, conditions médiocres de logement, autant de justifications du maintien et du développement des études. […] Mais, exonérées de l’exécution des devoirs, les études sont-elles destinées à devenir de simples garderies ? S’y résigner serait, malgré leur rôle social, les condamner à brève échéance. Il faut donc qu’elles conservent leur fonction éducative et que, sans être indispensable à l’instruction des enfants, le temps que ceux-ci y passeront ne soit pas, et même ne semble pas être du temps perdu. 
Vue sous cet angle, que sera donc l’étude du soir ? Elle aura pour objet essentiel l’étude des leçons. Le maître surveillant s’assurera que le texte de la leçon est compris. Au besoin des interrogations orales rapides, des interrogations par procédé La Martinière précéderont et appelleront les explications nécessaires.
C’est à ces occupations que sera employée la première partie de l’étude du soir. Le reste en sera consacré soit à des occupations individuelles, soit à des occupations collectives.
En ce qui concerne les premières, nous n’en voyons guère de plus profitable que la lecture d’un livre de la bibliothèque, d’un livre récréatif et attrayant, capable d’intéresser des enfants tout en contribuant à leur éducation. La littérature enfantine, tant française qu’étrangère, offre un choix plus que suffisant d’ouvrages de cette sorte. Ainsi sera encouragé chez les élèves le goût de la lecture, goût qu’ils auront des chances de conserver.
  

1958

Circulaire du 28 janvier
Objet : Application de l’arrêté du 23 novembre 1956 relatif à la suppression des devoirs à la maison
(B.O.E.N. n° 6 du 6 février 1958 – Premier Degré, 2e Bureau)
aux Recteurs (pour information) ; aux Inspecteurs d’Académie (pour exécution).
Par arrêté du 23 novembre 1956 (B. O. n° 42 du 29-11-56, p. 3005 ; 100-Pr-& II a, p. 9), il a été procédé à un aménagement des horaires des cours élémentaires et moyens des écoles primaires, de façon à dégager cinq heures par semaine pour la rédaction des devoirs, et par circulaire du 29 décembre 1956 B. O. n° 1 du 3-1-57, p. 63 ; 100-Pr-& II/b 2, p. 119), les mesures d’application de ce texte ont été portées à votre connaissance, notamment en ce qui concerne la suppression des devoirs à la maison ou en étude.
Je vous prie de vouloir bien rappeler à tous les instituteurs de votre département le caractère impératif des prescriptions de ma circulaire du 29 décembre 1956 et prier MM. les Inspecteurs primaires de veiller à son exacte application. 
Pour le Ministre et par autorisation :
Le Directeur général de l’Enseignement du Premier degré,
A. Beslais

1964

Circulaire n° 64-496 du 17 décembre
Objet : Interdiction des devoirs à la maison pour les élèves des classes primaires. 
(B.O.E.N. n° 1 du 7 janvier 1965 – Premier Degré, 2e Bureau)
Texte adressé aux Recteurs ; aux Inspecteurs d’académie et aux Chefs d’établissements.
Mon attention a été appelée sur le travail des élèves à la maison ou en étude, d’une part dans les cours élémentaires et moyens, d’autre part au cours préparatoire.
L’arrêté du 23 novembre 1956 et la circulaire du 29 décembre 1956 ont précisé qu’aux cours élémentaires et moyens les devoirs doivent être faits dans l’horaire normal de classe et non plus à la maison ou en étude.
Le silence de ces textes en ce qui concerne le cours préparatoire où cette question ne semblait pouvoir se poser y a encouragé la pratique des devoirs à la maison qui venaient précisément d’être supprimés dans les classes supérieures. 
Je tiens à préciser que l’interdiction formelle de donner des travaux écrits à exécuter hors de la classe s’applique également aux élèves des cours préparatoires et vise, d’une façon plus générale, l’ensemble des élèves de l’école primaire.
Le Ministre de l’Éducation nationale, 
Ch. Fouchet

1971

Circulaire n° 71-38 du 28 janvier
Objet : Interdiction, dans l’enseignement élémentaire, des devoirs écrits à faire à la maison ou en étude.
(B.O.E.N. n° 5 du 4 février 1971 
La circulaire du 29 décembre 1956 publiée en application de l’arrêté du 23 novembre 1956 relatif à la suppression des devoirs du soir rédigés à la maison ou en étude, a fait l’objet de rappels successifs et sans ambiguïté.
Je tiens à préciser que l’arrêté du 7 août 1969 aménageant la semaine scolaire, et sa circulaire d’application du 2 septembre 1969 ne modifient pas, sur ce point, l’arrêté et la circulaire de 1956 : il reste interdit, dans l’enseignement élémentaire, de donner des travaux écrits à exécuter à la maison ou en étude. Les raisons sur lesquelles se fondait cette interdiction dans les textes de 1956 gardent aujourd’hui toute leur valeur. Il est bien entendu que les devoirs ne sont pas pour autant supprimés, car il n’est pas de pédagogie sans contrôle ni d’acquisition de connaissances qui n’exige des applications écrites ; mais c’est en classe qu’ils doivent être rédigés et corrigés, non en étude ou à la maison.
À l’exclusion des devoirs écrits, il ne manque pas de tâches et d’activités : leçons à apprendre, lecture, étude de quelques mots nouveaux, petites enquêtes, etc., auxquelles les élèves peuvent, après la classe de l’après-midi, se livrer avec profit.[…]
Pour le Ministre et par délégation :
Le Directeur délégué aux enseignements élémentaire et secondaire,
H. Gauthier

1986

Circulaire n° 86-083 du 25 février
Objet : les études à l’école, au collège, au lycée : un élément important de la pédagogie de la réussite
(B.O.E.N. n°10 du 13 mars 1986 – Éducation nationale : DEGS)
Texte adressé aux recteurs, aux inspecteurs d’académie.
La réussite des élèves dépend en large partie de leur capacité à organiser leur travail personnel et à en maîtriser les méthodes. Aussi convient-il d’apporter la plus grande attention au développement de cette capacité dans le cadre des cours comme dans celui des activités qui les prolongent. 
Les études répondent à cet objectif, en contribuant à mettre en œuvre une pédagogie de la réussite, notamment pour les enfants dont l’environnement éducatif ne réunit pas les conditions les plus favorables. 
Dès la présente année scolaire, des études devront être mises en place partout où les possibilités existent. II conviendra de les développer de façon substantielle à partir de la rentrée prochaine. 
La présente circulaire a pour but d’indiquer les diverses formes que peuvent prendre les études à l’école, au collège et au lycée et de préciser leurs modalités d’organisation.
DES POSSIBILITÉS DIVERSES : ÉTUDES SURVEILLÉES, ÉTUDES DIRIGÉES 
Outre les apports méthodologiques dans le cadre des enseignements, les séances d’initiation ou d’entraînement au travail en centre de documentation, conduites par le documentaliste et l’assistance que les enseignants fournissent selon des modalités diverses, l’aide au travail des élèves peut prendre la forme d’études surveillées ou dirigées.
Les études surveillées remplissent d’abord un rôle d’accueil. Elles permettent d’assurer l’encadrement des élèves.
À cette fonction, les études dirigées ajoutent un soutien didactique (remise à niveau disciplinaire), une aide méthodologique (exercices d’entraînement, organisation du travail, acquisition de méthodes, utilisation d’outils documentaires) et une stimulation psychologique (goût du travail autonome). 
L’efficacité des études dirigées suppose une étroite liaison avec les activités d’enseignement et une concertation entre les enseignants et ceux qui assument la responsabilité de ces études. 
Les solutions retenues doivent être adaptées au niveau de la scolarité et aux problèmes rencontrés. Un même élève peut suivre des études dirigées puis, les méthodes de travail acquises, des études surveillées.

1994

Circulaire n° 94-226 du 6 septembre
Objet : Organisation des études dirigées à l’école élémentaire
(B.O.E.N. n° 33 du 15 septembre 1994 – Éducation nationale : DE C2)
Texte adressé aux recteurs d’académie, au directeur de l’académie de Paris, et aux inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’Éducation nationale.
Dans les écoles élémentaires, des études dirigées, d’une durée quotidienne de trente minutes, sont mises en place, dans chaque classe, pendant le temps scolaire, à la suite des séquences d’enseignement proprement dites et avant le début des activités péri-scolaires éventuelles.
[…]
Il s’agit essentiellement de s’assurer avec précision, dans un temps différé, de l’assimilation des notions et connaissances ayant fait l’objet d’un apprentissage lors de séquences qui se sont déroulées soit dans la journée même, soit dans la semaine, soit même antérieurement. En effet, les acquis ne sont réels que lorsque les élèves sont capables de les réinvestir non seulement dans des situations analogues à celles de l’apprentissage, mais encore dans des situations différentes. C’est le but des devoirs proposés lors des études dirigées. Ils se distinguent des exercices écrits et oraux d’application réalisés à la suite d’une séquence d’enseignement, qui sont destinés à vérifier sur le champ la bonne compréhension de la leçon. 
Les études dirigées constituent un temps privilégié d’apprentissage du travail autonome. Les maîtres aident les élèves à intégrer diverses méthodes et à les utiliser à bon escient. 
Elles permettent en outre d’apprécier les acquis des élèves, de vérifier leurs capacités d’attention, de mémorisation, d’organisation et de réflexion. Elles tiennent donc une place particulière dans l’observation du travail des élèves. […]
Dans ces conditions, les élèves n’ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire. À la sortie de l’école, le travail donné par les maîtres aux élèves se limite à un travail oral ou des leçons à apprendre. […]
Marcel Duhamel
Directeur des Écoles
 

2004

Document d’accompagnement des programmes 2002 – Articulation école-Collège
Dans les classes élémentaires, le travail scolaire à faire à la maison est limité : les devoirs écrits sont proscrits ; par contre, des lectures, des recherches, des éléments à mémoriser peuvent constituer le travail proposé aux élèves. Tout travail à la maison fait l’objet d’une vérification par le maître. Progressivement, les élèves de cycle 3 commencent à gérer leur travail sur la semaine

1

Au-delà des protocoles …

Lecture : 4 min.

Du protocole sanitaire aux protocoles pédagogiques … les guides ministériels

Le protocole sanitaire paru, enfin.

On sera prêt quoi qu’il en coûte … On obtient même, 2 jours avant la rentrée, des fiches thématiques sur la cantine, les récréations, l’EPS …

Tout va bien on vous dit. La doctrine sanitaire devra s’appliquer, quoi qu’il en coûte. Bien, prenons acte, appliquons, nous ne sommes pas épidémiologistes.

“Il y aura des contaminations à l’école” mais “on va les gérer”
François Delfraissy, président du Conseil scientifique – 24 août 2020.

Qu’en est -il de la pédagogie, et l’enseignement ?

Le ministre lors de sa conférence de presse du 26 août 2020, après avoir centré dans un premier temps son discours sur le contexte sanitaire,
– a promis une prime de 450 € aux directeurs d’école pour leurs efforts lors de la crise
– a oublié évidemment les enseignants qui ont accueilli les enfants des personnels soignants, des pompiers et des agents indispensables et tous les autres qui ont garanti la continuité
– fait l’aumône de quelques ordinateurs,
– et enfin a présenté ses intentions pédagogiques et s’est agacé des questions des journalistes qui se sont focalisés sur le protocole.

“Nous allons maintenir le cap des réformes” 

Le dispositif 100% réussite : poursuite du dédoublement des CP et CE1 en éducation prioritaire,

Évaluer et encore évaluer …

Le ministère renforce les évaluations :
– évaluations en CP en début d’année, puis en point d’étape plus tard
– évaluations en CE1,
– évaluations plus ‘musclées’ en 6ème,
– mais aussi évaluations en CM1 sur un panel d’élèves dont certains ont pu être accueillis en CP dédoublé à leur entrée en élémentaire … on en devine les conclusions …
– évaluations partout : on n’oubliera pas des ‘tests de positionnement’ pour tous les niveaux.
Le pilotage aux résultats des enseignants et des établissements se met en place.

Quelles réponses aux évaluations ?

Les réponses sont trouvées.
Elles sont déjà publiées.
Le ministère est prêt, en ordre de bataille, en marche …
Guides et vade-mecum sont d’ores et déjà disponibles :

PNG - 22.6 ko
PNG - 26.1 ko

Pour répondre aux résultats de l’évaluation CP :


Les guides ‘Pour préparer l’apprentissage de la lecture et de l’écriture à l’école maternelle’ et ‘Pour enseigner le vocabulaire à l’école maternelle’, véritables modes d’emplois pour les enseignants.

PNG - 16.1 ko
PNG - 16.7 ko

Pour répondre aux résultats des évaluations CP point d’étape et CE1 :

les guides ‘Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP’ et ‘Pour enseigner la lecture et l’écriture au CE1’.

Ces guides sont devenus pour nombre d’entre nous le seul mode de pensée autorisée et le logiciel nécessaire et unique de nos enseignements : preuve de l’efficacité de la doctrine.

PDF - 12.4 Mo

Et nouveauté de cette rentrée, une nouvelle publication de terminologie grammaticale destiné aux enseignants … parce que ce n’est pas le concept qui importe mais bien l’usage du ‘bon’ mot, du bon terme par les élèves et les maîtres.
Les résultats des évaluations le montreront. Une remise à niveau pour les exécutants, élèves et enseignants ?
Utile ? Sûrement. Si cette publication ne devient pas un guide de plus. Normalisons. Mais je ne suis ni linguiste ni grammairien.

On y ajoutera le meilleur, la publication :

Pédagogies et manuels pour l’apprentissage de la lecture : comment choisir ?
Il s’agit d’un guide qui permettra aux équipes de se diriger vers de ‘bonnes pratiques’. En le lisant, on se rend compte rapidement que les choix laissés aux équipes sont limités.

En attendant LA méthode de lecture chez le bon éditeur. Le ministre l’a précisé lors de sa conférence de presse en évoquant en particulier l’Académie de Paris.
Est-ce l’entrée officielle de la méthode préconisée par l’association proche du Ministre et du président ‘Agir pour l’école’ ? Est-ce un pas de plus vers un enseignement explicite qui participe du dressage des élèves ?
Certaines circonscriptions ont pu imposer aux enseignants de CP de suivre une méthode commune, en avançant dans toutes les classes au même rythme, en imposant pour chacun le nombre de phonèmes étudiés par période par exemple.
«Bien sûr, nous soutenons ce dispositif d’Agir pour l’école, il est tout à fait cohérent avec l’objectif de 100 % de réussite au CP», défendait Jean-Marc Huart, ancien directeur général de l’Enseignement scolaire.
Voir ici, une tribune d’E. Charmeux.
L’expérimentation que le Ministère veut étendre est centrée sur une méthode unique, promue dans l’Académie de Paris. Une méthode élaborée par une inspectrice, fondée sur l’enseignement ‘explicite’. Reste encore à préciser ce qu’on entend par enseignement explicite : modelage, pratique dirigée puis autonome, du dressage donc ou alors véritable activité intellectuelle des élèves ?

Ce mode unique de gestion des réponses aux besoins des élèves identifiés par les évaluations se lit concrètement et explicitement sur les pages d’eduscol et les fiches ressources qui y sont publiées.

Ces guides y sont très souvent la seule référence bibliographique proposée.

On le voit, le choix des items de l’évaluation, la passation, la correction, l’analyse, la synthèse et les réponses échappent aux enseignants, aux équipes …

Pour les modalités de réponses, le ministère ré-invente donc l’eau tiède, des dispositifs qui existaient déjà : CP et CE1 dédoublés, stages de remise à niveau durant les vacances, aides personnalisées complémentaires (APC) … et aucun moyens humains, réseaux d’aides qui ont pu disparaître progressivement ou autres.

On ne demande plus aux maîtres d’écoles d’être des concepteurs, de fins praticiens qui sur la base de leurs diagnostics élaborent traitements des erreurs et remédiations, soutiens, renforcements, mais de simples exécutants.

On leur demande de s’appuyer sur des résultats scientifiques basés sur des résultats de neuro-sciences dont on ne peut débattre et d’appliquer le protocole attendu par la doctrine pédagogique ministérielle.

La doctrine pédagogique devrait s’appliquer, quoi qu’il en coûte.
Bien, prenons acte, pensons, réfléchissons, ne nous laissons par transformer en simple exécutants, nous sommes enseignants..

0

Autorité du maître et discipline

Lecture : 14 min.

Article publié en 2004 sur eppee.ouvaton.org. Vieux truc ? Toujours utiles de revisiter ces questionnements sur la gestion de classe …

Définitions

L’autorité :

A la lecture du dictionnaire, on peut définir l’autorité comme le droit et le pouvoir de commander, de se faire obéir par les élèves. Elle est détenue par le maître sans décret, sans loi, sans texte. Un droit naturel de l’adulte dans une classe ?
Une autre définition est l’ascendant par lequel le maître se fait obéir par ses élèves. Ce serait donc là, une qualité intrinsèque, que le maître devrait, cette fois ci, avoir naturellement. On parle alors de charisme, ou de personnalité. Ce maître-ci a de l’autorité, d’autres n’en auraient pas, ou moins ? Cette qualité s’apprend t-elle comme on acquiert une compétence ? 
L’autorité c’est encore une opinion à laquelle on se réfère souvent. Ce que sait le maître dans une classe fait autorité pour les élèves. Son savoir, ses connaissances sont indiscutables. N’a-t-il pas la possibilité d’avouer qu’il ne sait pas ou qu’il n’a pas assez de connaissances dans telle ou telle domaine disciplinaire ?
Enfin, faire preuve d’autorité c’est décider et agir sans consulter personne, sans ménagement. C’est l’image du maître omnipotent et omniscient dans la classe : Le Maître qui a le droit d’user, voire d’abuser de son autorité.

La discipline :

La discipline, toujours selon le Larousse, dont le but est de faire régner l’ordre dans une classe est l’ensemble des lois, des règlements qui régissent la collectivité. Ces règles, ces lois sont imposées à tous, doivent être reconnues par tous. Les sanctions, mesures répressives, et punitions, les peines infligées pour tout manquement à cette discipline seront donc le lot de tout élève indiscipliné.
Avoir de la discipline, c’est la soumission, l’obéissance à ces règles. Soumission totale, sans négociation, sans compromis est ce qui est attendu des élèves et à défaut les sanctions et punitions ne manqueront pas de leur apporter rappels à la discipline et à l’ordre.
Un élève discipliné sera donc un élève obéissant et soumis à l’autorité.

Le maître : 

C’est l’adulte dont on est le disciple, qui est pris comme modèle par ses élèves, l’autorité à laquelle on se réfère pour apprendre, c’est celui qui enseigne, qui fait acquérir les connaissances et qui impose la discipline. Etre maître de sa classe, c’est en avoir le rôle principal et essentiel ; c’est aussi en disposer librement, être libre d’imposer ses règles et modes de travail.

L’élève :

Un enfant qui fréquente un établissement scolaire et qui reçoit les leçons d’un maître est un élève. Par ailleurs, un élève en botanique est une plante dont on dirige la croissance ou encore en agriculture, un animal né et nourri chez un éleveur.

On le voit, les termes utilisés ne sont par neutres, ils induisent lorsqu’on les utilise une vision plutôt réductrice des interactions maître-élève dans nos classes. Les aspects répressifs et coercitifs marquent l’utilisation de ces termes. L’élève indiscipliné, c’est celui qui refuse l’obéissance et qui est rebelle aux lois et aux règles que lui impose l’autorité. Il est donc sanctionné et puni.

Questionnements

Malgré ou à cause de ces représentations induites par les termes utilisés, on nous rabat les oreilles à propos d’une crise de l’autorité à l’école. Les parents d’élèves réclament des maîtres fermes afin de maintenir un ordre local certain dans la classe, mais quelques-uns n’hésitent pas à remettre en cause telle ou telle décision. En effet, on a vu des élèves de collèges défendus par des avocats rémunérés par les parents en conseil de discipline. Ne serait-ce pas plutôt une crise de l’autoritarisme en tant que système de régulation de la vie en collectivité ?

Certes, mais, nous répondra-t-on, certaines classes sont particulièrement difficiles, les maîtres ont du mal à imposer leur autorité à ces élèves. 
Qu’est-ce qui fait la discipline d’une classe ? 
Qu’est-ce qui fait l’autorité d’un maître ? 


L’institution scolaire attend de nous cette discipline :

« L’une des obligations essentielles de l’instituteur est de faire respecter l’ordre et la discipline en classe. »
Arrêté du 23 novembre 1971

Mais nous en donne-t-elle les moyens ? Les mesures ici nécessaires se limitent-t-elles à l’absence de troubles en classe et dans l’établissement ?

« Aucune sanction ne peut être infligée. Seul est autorisée l’isolement sous surveillance d’un enfant momentanément difficile pendant un temps très court »

« Tout châtiment corporel pour quelque cause que ce soit est strictement interdit. Aucune sanction ne peut être infligée à un élève pour une insuffisance de résultats »
Arrêté du 26 janvier 1978

L’indiscipline dans une classe n’est-elle pas une notion particulièrement relative ? En effet, on peut considérer que la mauvaise tenue d’un cahier ou d’un classeur est une manifestation de l’esprit rebelle d’un élève, ou encore que le moindre chuchotement incongru et déplacé lors d’une séance est un manquement grave et une remise en cause de l’autorité qui réclame à ce moment un silence quasi religieux. 

Quelles sont donc les manifestations de l’indiscipline, les manquements à la discipline dans nos classes ? Quelles réponses peut-on apporter ?


L’indiscipline en classe

Pour décrire ces manifestations de l’indiscipline, expériences et observations sont nécessaires.

Le bruit, les bavardages.

Le niveau sonore accepté par chaque adulte varie. On peut considérer une classe bruyante comme organisant un chahut alors que d’autres la verraient comme une classe vivante et active. « Une ruche qui ne bourdonne plus est une ruche morte » se plaisait à dire un inspecteur que quelques lecteurs reconnaîtront. Le stress induit par le bruit est particulièrement communicable, des élèves au maître, du maître aux élèves.

Qu’attendons-nous du silence dans une classe ? Quelle vertu pédagogique a-t-il ? A quel moment ? Pourquoi faire ?


- D’abord les locaux eux-mêmes sont-ils suffisamment pensés pour éviter que chaque son ne se transforme en bruit difficilement supportable (fenêtres, portes, murs, isolations acoustiques, …) ? 
- Ensuite le moment de la séance dans laquelle le silence est nécessaire est important. En effet, certaines séances ne seront pas menées à des moments particuliers (récréations, séances d’éducation physique d’autres classes, salon du Bourget …)
- Notre préoccupation première est que les élèves nous écoutent. Une grande partie de notre travail est de donner des consignes, des informations utiles, apporter des compléments, et pour cela le silence est nécessaire

Les rituels sont une des nombreuses solutions à cette préoccupation. On peut citer des regroupements près du tableau, éloignés des bureaux de travail habituels, dans un espace conçu pour la prise de parole, ou encore la main levée du maître qui signifie une demande forte et nécessaire de prise de parole et d’écoute, … ces rituels sont à imaginer, à concevoir et à mettre en œuvre avec les élèves.
- On réclame également le silence lors de travaux plus personnels. En effet, on attend d’eux afin qu’ils puissent profiter de notre enseignement, qu’ils s’entraînent et travaillent sérieusement, qu’ils soient attentifs et disponibles. On en déduit que le bruit est une nuisance à leur attention et à leur travail. Ce qui est peut-être faux, certains d’entre nous travaillent avec de la musique voir même la télévision en fond sonore, sans que cela nuise à notre attention et à notre concentration. A l’enseignant de déterminer s’il y a réellement nécessité d’obtenir un silence complet (évaluations par exemple).
- Et ces bavardages ? Que sont-ils ? Il paraît important de les connaître, de savoir ce qui se dit. S’agit-il de discussions et de débats dans la logique de la vie de la classe, les recherches en cours, les questionnements et les confrontations nécessaires aux apprentissages ? S’agit-il de discussions dues à des événements extérieurs à la classe ? Des conflits entre élèves dans la cour ou à l’extérieur de l’établissement qui alimentent les discussions ? Un problème d’organisation des groupes de travail, une difficulté due à la consigne, un manque de clarté des consignes, un défaut de matériel, … ?

Une fois les raisons et les causes des bavardages identifiées par le maître, il est plus aisé d’y apporter une réponse adaptée. A chacune des causes, une réponse soit immédiate, soit différée peut être apportée. Les conseils permettent cette mise à distance : « Je sais ce qui vous préoccupe, on en reparlera, je propose de le mettre à l’ordre du jour du prochain conseil ». S’il s’agit de reformuler les consignes, cela peut être fait soit collectivement en reprenant la parole, en se servant des rituels évoqués plus haut ou bien de manière plus individualisée en demandant cette reformulation dans les groupes « bavards », ou encore s’approcher des élèves et aider à organiser le travail afin de définir la tâche demandée et les modalités d’action.

On note que souvent, si on parle plus fort, les bavardages continuent malgré notre présence sonore et notre insistance. Si on baisse la voix, ils cessent ou se réduisent.

Les déplacements, l’agitation.

On se contentera de parler ici de déplacements dans la classe. Là encore, comme pour le bruit, le niveau d’agitation acceptable est variable selon le seuil de tolérance de l’enseignant. 

Quels déplacements sont possibles dans ce lieu clos ? Là, faisons confiance aux élèves, ils en trouvent toujours : un papier à jeter à la corbeille, un crayon à tailler, un instrument manquant, un dictionnaire ou un document indispensables à aller consulter, une mauvaise vison du tableau, une fenêtre à fermer, à ouvrir, une consigne, un conseil, une aide à demander au maître, une affiche à lire, un renseignement à demander au copain, un stylo prêté hier au copain qui est justement à l’autre bout de la classe, voire même dans une autre classe.

Quelles raisons de s’agiter un peu ? Une feuille introuvable dans le cartable, dans la case, un stylo, une règle tombée au sol, un cahier à fermer et à ranger avant se sortir un autre cahier ou ce fameux cahier de textes, une soif soudaine, un malaise quelconque, la recherche d’une position plus confortable, …

Pourquoi notre recherche d’une classe constituée d’élèves inertes ? Là encore, une image, une représentation de l’élève, l’écolier modèle. Qui n’a pas tapoté sur sa table, ne s’est pas gratté, pincé le nez, agité les jambes, mordu les ongles, levé, assis de nouveau puis encore levé lorsqu’il écrit ou réfléchit. Observez-vous vous-même lorsque vous préparez la classe, ou lorsque vous travaillez …

L’organisation matérielle de la classe et les rituels -encore eux- prennent une valeur inestimable si l’on désire éviter ces moments de flou artistique pendant lesquels nos élèves s’agitent si souvent. 

Comme pour les bavardages, une observation de la classe, locaux et aménagements définira les modalités d’organisation qui vont réduire ces déplacements et l’agitation. Un certain ordre et une rigueur adaptés permettront aux élèves de savoir où trouver rapidement un dictionnaire, un manuel, une feuille, un cahier, un classeur. Lors des changements d’activités, une discussion peut s’engager avec eux sur ce qui vient d’être fait et sur ce que l’on va faire. Se placer derrière sa chaise, silencieuse, presque religieusement est une coutume que je trouvais ridicule et d’un autre âge il y a encore quelques temps, mais qui me paraît aujourd’hui être un bon moyen pour l’enfant d’endosser son costume d’élève avant de s’asseoir et donc être prêt à entamer le travail scolaire. Encore un rituel !

Les relations conflictuelles élève-enseignant

N’ayant aucune formation en psychologie, seules seront décrites et analysées des situations issues de l’expérience professionnelle. Cependant, on peut avancer qu’un conflit est la marque d’une opposition ponctuelle ou systématique de points de vue, d’opinions, de sentiments ou d’intérêts. Dans la plupart des cas, un des deux protagonistes n’accepte pas ce que l’autre fait ou dit

En identifiant et classant quelques comportements et attitudes générateurs de conflit essayons de savoir qui de l’enseignant, de la personne, de l’enseignement ou de l’autorité est visé puisque très souvent c’est nous en tant que personne qui subissons et réagissons. De même qui de l’enfant, de l’élève, du travail est en cause lorsqu’un de nos actes « déplait » à un élève. C’est lorsque l’intégrité de l’un ou l’autre des protagonistes est ressentie comme atteinte que le conflit prend des proportions inacceptables.

L’analyse transactionnelle et les positions de vie apportent une grille de lecture de situations génératrices de conflit :


Une position de vie se définit par l’évaluation de nos relations, et s’exprime selon la structure suivante :
« Comment je me considère / Comment je considère l’autre (ou les autres) ».
Chacune de ces deux évaluations peut être :
 essentiellement positive, elle est alors notée « OK+ »  
 ou essentiellement négative elle est alors notée « OK- »  
Les positions de vie suivantes peuvent donc être envisagées 
 OK-/OK- : je suis mauvais et les autres sont mauvais
 OK-/OK+ : je suis mauvais et les autres sont “bien”
 OK+/OK- : je suis “bien” et les autres sont mauvais
 OK+/OK+ : Je suis “bien” et les autres sont “bien”.



Nous ne développerons ici que quelques analyses de positions de vie face aux messages perçus par un comportement : 


Comportement de l’élève.

Dans un domaine « classique », en classe

Dans un domaine plus « moral » 
- se mettre en colère quelque soit la raison : « Je t’en veux, je te déteste »
- tricher ou tenter de tricher : « Je ne veux pas apprendre »
- agresser verbalement : « je réfute ton autorité »
- dire des grossièretés aux autres élèves : « Je n’aime pas les autres »
- mentir au professeur, inventer des histoires : « Je te dis ce que tu as envie d’entendre »
Dans un domaine plus « personnel »
- jugement personnel de l’enseignant : « Je ne te respecte pas en tant que personne »
- avoir une tenue vestimentaire inadaptée : « Je cherche à provoquer l’institution »
- avoir une posture désinvolte : « Je cherche à provoquer l’enseignant »

Comportement de l’enseignant 

En classe, pendant une séance
- Réprimander à raison 
- Réprimander injustement
- Donner une sanction ou une punition disproportionnée
- Réagir aux propos de l’élève et porter un jugement
- Donner des ordres autoritairement ou répétés
- Confisquer un objet
- Contraindre physiquement
Domaine « moral » 
- se mettre en colère quelque soit la raison
- agresser verbalement
- tenir un langage inadapté
- menacer
- promettre sans tenir
Domaine « Personnel »
- jugement personnel sur l’élève
- montrer une réticence ou un rejet d’un élève
- avoir une attitude désinvolte


La première position de vie, OK-/OK-, s’avère d’emblée difficile à vivre : la personne n’a pas d’estime pour elle-même et n’apprécie pas plus autrui, les autres pouvant être considérés comme sans intérêt, sans qualités, éventuellement malveillants voire dangereux. Il n’y a pas d’acceptation de soi ni de l’autre ; la négativité imprègne totalement les relations.
Les deux positions suivantes (OK+/OK- et OK-/OK+) sont plus « ordinaires » dans le principe, posant problème à mesure du déséquilibre entre l’image de soi et celle d’autrui. Situations courantes en effet, si l’on s’aperçoit que l’un des jeux les plus courants que pratique l’être humain dans ses relations repose sur l’un des deux principes suivants :
« Ce que je suis, ce que je sais, ce que je possède (…) vaut bien mieux que ce que tu es, ce que tu sais, ce que tu possèdes » (Position de vie OK+/OK-). ou : « Ce que je suis, ce que je sais, ce que je possède (…) vaut bien moins que ce que tu es, ce que tu sais, ce que tu possèdes » (Position de vie OK-/OK+).
Les inconvénients de ces deux positions de vie apparaissent aisément. Dans chacun de ces deux cas, les relations entre humains s’avèrent difficiles, étant chargées d’arrogance et d’orgueil, d’envie ou de honte, selon que l’on se sent supérieur ou inférieur à l’autre. Lorsque la position se veut dominante, l’ego que manifeste une personne irrite automatiquement celui d’autrui, générant du ressentiment, de la colère, des conflits. A contrario, lorsque l’on se sent inférieur à autrui, l’envie, la jalousie ou la honte qui peuvent en résulter engendrent la tristesse, la dépression, parfois l’agressivité. 
La position la plus favorable OK+/OK+ : Ce qui revient à : « Je m’accepte et je m’apprécie tel que je suis / Je t’accepte et je t’apprécie tel que tu es ». Le réalisme et l’équilibre sont ici comme ailleurs nécessaires. Il ne s’agit bien sûr pas de développer une arrogance superflue, ni de considérer naïvement que toute personne est parfaite. Mais plutôt de pratiquer une vision positive, en considérant en priorité les qualités de chacun


Des réponses ?

Quelles sont nos pratiques pour prévenir l’indiscipline de nos élèves ? Quelques observations basées sur l’expérience (encore !).
- dissuader souvent en répétant les interdictions et la loi
- menacer de punitions ou encore ce qu’on peut appeler le « chantage social » : la punition collective ou la suppression d’une activité voire d’une matière d’enseignement, l’intervention de personnes extérieures (directeurs, collègues, parents, …)
- expliciter les rappels à l’ordre, rappeler la loi et ses raisons d’être
- développer l’autonomie et la responsabilisation, certains pouvoirs sont délégués. Liberté d’agir et responsabilité des actes sont indissociables.
- mettre en place des rituels : lieux de paroles, gestuelle, habitudes immuables, …
- motiver en s’appuyant sur les composantes de la motivation : La reconnaissance, ou la connaissance de l’enfant quelques soient ses difficultés, son confort, l’image donnée d’une intelligence qui peut évoluer, le fait de rendre ou d’essayer de rendre l’élève conscient de ses stratégies et des attitudes qu’il a développées afin d’être plus efficace participent d’une meilleure perception de lui-même.
- Tenir compte des positions de vie, des états du moi, des reconnaissances de l’un et de l’autre dans un échange ou une transaction
- Mettre en œuvre des contrats dans lesquels chaque partenaire -enseignant, élève, parents éventuellement – s’engage.
- organiser pédagogiquement nos séances en pensant aux rythmes des élèves et au temps d’activité de chacun
- organiser matériellement la classe afin de prévenir les bruits et les mouvements inopportuns.

L’acte commis, quelles sont les possibilités de réponses de l’enseignant ?

Certaines fois un simple regard peut suffire, d’autres un rappel à la loi soit de manière individualisée soit par une exclamation forte et donc plus « sociale », presque adressée à toute la classe sera utilisée.

Les punitions, les sanctions, les réparations.

La punition 

C’est une peine que l’on inflige suite à un acte transgressif. Le but est d’infliger une douleur morale puisque infliger une douleur physique est interdit. Elle est souvent exagérée par la subjectivité de celui qui l’inflige. Pour un même acte, dans une même école la punition sera différente si elle est donnée par deux adultes différents, si elle est donnée sous le coup de la colère ou de l’émotion. Elle ne sert pas à réparer la transgression ou les actes mais à culpabiliser ou même à humilier. Elle démontre le pouvoir de l’adulte sur l’enfant et réclame sa soumission totale.

Circulaire de juillet 2000 : Les punitions infligées doivent respecter la personne de l’élève et sa dignité : sont proscrites en conséquence toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l’égard des élèves. 
Il convient également de distinguer soigneusement les punitions relatives au comportement des élèves de l’évaluation de leur travail personnel. Ainsi n’est-il pas permis de baisser la note d’un devoir en raison du comportement d’un élève ou d’une absence injustifiée. Les lignes et les zéros doivent également être proscrits
.

La sanction 

C’est une mesure de répression suite à une transgression qui, si elle est volontaire est donc « sanctionnable ».. Il s’agit d’éviter qu’un acte commis se reproduise. Elle sera basée sur des interdictions ou des privations. La liberté d’agir de chacun est soumise à ses propres responsabilités. Et c’est sur l’exercice de ces responsabilités que l’on agit. 
La loi est connue et les sanctions également. Un garant des lois est identifié, il est chargé de rappeler la loi et les conséquences d’actes transgressifs, ce peut être le maître, le directeur, un conseil coopératif ou un conseil d’élèves. L’élève se confronte à la réalité de la Loi, la loi du groupe (attention à la force du groupe face à un individu !). Des exclusions peuvent être décidées. Il peut s’agir de la privation momentanée d’un droit : une responsabilité dans la classe, la possibilité de se déplacer, d’emprunter du matériel, …

La réparation 

C’est une mesure où l’élève transgresseur qui a commis un acte répréhensible est de nouveau actif alors qu’il est passif en cas de punition ou de sanction. Son accord est donc indispensable. La réparation doit garder un caractère éducatif et n’être en aucun cas humiliante. La notion de réparation est indissociable de la notion de responsabilité personnelle. En direction de la victime (des excuses, de l’aide, par exemple) ou tout simplement pour signifier que l’on entend rester membre d’un groupe, la réparation a un lien direct avec la transgression.

En guise de conclusion

Pas de solution miracle, une recette ? Juste quelques réflexions.
Instaurer dans sa classe un climat serein et de confiance possède quelque chose de l’ordre de l’alchimie. Mais l’observation des élèves, leur reconnaissance, le respect de leur parole, l’instauration de rituels, la mise en place d’instances participatives, une discipline raisonnée, des lois claires et des sanctions connues de tous en sont quelques ingrédients.

« La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence. »
Le Bon, Gustave 1841-1931

« La démocratie, plus qu’aucun autre régime, exige l’exercice de l’autorité. »
Saint-John Perse 1887-1975

« Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles » 
de Gaulle, Charles 1890-1970 

« L’autorité, c’est moins la qualité d’un homme qu’une relation entre deux êtres. » 
Barrès, Maurice 1862-1923

0

Charge mentale pédagogique

Lecture : 3 min.

Avant d’aller en classe

Un vieil article publié en 2006 sur un vieux site.

Devant une tasse de café brûlant, le matin, tôt, trop tôt, avant de partir pour rejoindre l’école à quoi pensons-nous ? 
A la classe, aux élèves, aux perturbateurs, aux trop sages, à ceux qui ont quelques difficultés et à notre séance si délicate de la journée, celle qui soulève quelques questionnements, celle dont la mise en œuvre nous inquiète. 
Cette séance, on y a pensé la veille, on a préparé du matériel, des documents pour les élèves, sur un pc ou un mac on a reconstruit à partir de docs divers le support pour les élèves. C’est déjà dans le cartable, prêt à être utilisé. On pense à la photocopieuse – espérons qu’elle ne sera pas en panne -, on pense aux copies -y’aura-t-il assez de papier à l’école- puis le film de la séance se déroule.
Mais à quoi avons-nous pensé ?

Contexte
- Où en est la classe, dans quel projet cette séance s’inscrit-elle ? Qu’est-ce que j’ai proposé hier ou la semaine dernière ? Comment cela s’était-il déroulé ?- Où se passera la séance ? Quels aménagements de la classe, du gymnase, du préau, … ?- Comment se passe la classe au niveau de la discipline ? Comment sont les élèves en ce moment ? Fatigués, inattentifs, … ? Comment faire pour qu’ils écoutent mieux ? …

Domaine
- Quelle matière, quelle discipline ? Y étais-je à l’aise moi-même au cours de ma scolarité ? - Quelle documentation ai-je utilisée ? Quels sont mes souvenirs, mes connaissances ?- Quels contenus me paraissent essentiels ? Que disent les programmes, les manuels, … ?- Quels apprentissages plus précisément ?

Qu’ont-ils appris avant ?
- Ce n’est pas la première séance. Qu’est-ce qu’ils ont retenu de mes dernières séances ? Comment était l’évaluation ?- Sur quelles compétences puis-je m’appuyer ? Quels contenus ont-ils intégré ? Quels sont leur savoir-faire, leurs attitudes, leurs comportements ? Que devront-ils mobiliser ?- Quelle est la place de la séance dans la séquence d’apprentissage ? Où la situer dans le déroulement ou ma progression ?- Qu’est-ce que j’évaluerai ?

Quel type de situation sera proposé ?
- S’agit-il de la première séance ? Est-ce une séance d’appropriation ? de recherche ? de synthèse de leurs manipulation ?  - Devrai-je structurer et institutionnaliser les savoirs dès aujourd’hui ?- Dois-je les entraîner, quels exercices vais-je proposer ?- Comment sera l’évaluation, quand ? - Les compétences seront-elles transférables facilement ? Quelles situations de réinvestissement pourrai-je proposer ?

Et cette séance ?
- Quels en seront les objectifs généraux, spécifiques ? - Quels sont les contenus et les compétences visées :- Quels seront les obstacles ? Quels élèves auront des difficultés ? Que sais-je d’eux ?- Quels sont les préalables ? Comment motiver les élèves ? Comment faire pour que leurs compétences et savoirs soient mobilisés ?

Quelle durée ?
- Aurai-je le temps ? Est-ce que j’ai prévu assez, trop ? - Si on doit continuer, est-ce que je peux déborder sur la séance d’après ? - Quelles obligations y a t il pour la journée (gymnase, intervenants, sorties, …) ?

Les modalités de travail
- Travail individuel ? De groupe ? Toute la classe ?- Comment constituer les groupes ? Faut-il mettre en place un tutorat ? Les groupes ça fait toujours du bruit. Seront-ils assez calmes ?- Seront-ils toujours en groupe ? Et les regroupements ? Devant le tableau ? y’a-t-il la place ? Est-ce que je dois réaménager la classe ?- Que mettre à leur disposition ? Les dicos, y’en a assez ? La documentation ?

La situation :
- Quel est le but à atteindre pour les élèves ? Est-il raisonnable ?- Et ce support que j’ai préparé ? Sera-t-il adapté ? Lisible ?- Faut-il d’autres supports ? Pour les aider ? Pour ceux qui auront fait le travail très vite ? Et pour mes élèves un peu perdus ?- Quelle est leur tâche ? Quelles consignes donner ? Comment ?- Quelles opérations mentales sont en jeu ?- Quel matériel ? Est-il disponible ? Aurai-je le temps de le préparer ?- Que seront les critères de réussite : ceux du maître, ceux à définir avec les élèves ?- Quelles aides, quelle différenciation ? Comment aider les élèves le plus en difficulté ? Faut-il que je refasse mes documents à distribuer ? Dois-je en prévoir d’autre ? Et la consigne, il faudra sûrement que je la reformule, et qu’ils la reformulent …- Et mon rôle ? Où vais-je me placer ? Si ça se passe mal, je ne pourrais pas aider tout le monde …

Bilans, prolongements :
- Et donc j’ai pensé à mon évaluation … Quels critères ? Quels bilans dresserai-je de cette séance ?- Et celle qui va suivre, faudra-t-il que je la modifie encore ?- Et après, quels apprentissages ? Ma progression est-elle adaptée ?

J’ai sûrement oublié plein de choses, là ce matin après mon café à l’école, pourtant j’y ai encore réfléchi en disant à peine bonjour aux collègues … J’ai envie de parler de ma séance avec mes collègues. Non, pas le temps … C’est l’heure … Je vais chercher ma classe … Comment sont-ils ce matin ? Ils ont plein de choses à dire, à me donner, …

Et moi, j’ai préparé ma classe, enfin, je crois … On verra …