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Autorité du maître et discipline

Lecture : 14 min.

Article publié en 2004 sur eppee.ouvaton.org. Vieux truc ? Toujours utiles de revisiter ces questionnements sur la gestion de classe …

Définitions

L’autorité :

A la lecture du dictionnaire, on peut définir l’autorité comme le droit et le pouvoir de commander, de se faire obéir par les élèves. Elle est détenue par le maître sans décret, sans loi, sans texte. Un droit naturel de l’adulte dans une classe ?
Une autre définition est l’ascendant par lequel le maître se fait obéir par ses élèves. Ce serait donc là, une qualité intrinsèque, que le maître devrait, cette fois ci, avoir naturellement. On parle alors de charisme, ou de personnalité. Ce maître-ci a de l’autorité, d’autres n’en auraient pas, ou moins ? Cette qualité s’apprend t-elle comme on acquiert une compétence ? 
L’autorité c’est encore une opinion à laquelle on se réfère souvent. Ce que sait le maître dans une classe fait autorité pour les élèves. Son savoir, ses connaissances sont indiscutables. N’a-t-il pas la possibilité d’avouer qu’il ne sait pas ou qu’il n’a pas assez de connaissances dans telle ou telle domaine disciplinaire ?
Enfin, faire preuve d’autorité c’est décider et agir sans consulter personne, sans ménagement. C’est l’image du maître omnipotent et omniscient dans la classe : Le Maître qui a le droit d’user, voire d’abuser de son autorité.

La discipline :

La discipline, toujours selon le Larousse, dont le but est de faire régner l’ordre dans une classe est l’ensemble des lois, des règlements qui régissent la collectivité. Ces règles, ces lois sont imposées à tous, doivent être reconnues par tous. Les sanctions, mesures répressives, et punitions, les peines infligées pour tout manquement à cette discipline seront donc le lot de tout élève indiscipliné.
Avoir de la discipline, c’est la soumission, l’obéissance à ces règles. Soumission totale, sans négociation, sans compromis est ce qui est attendu des élèves et à défaut les sanctions et punitions ne manqueront pas de leur apporter rappels à la discipline et à l’ordre.
Un élève discipliné sera donc un élève obéissant et soumis à l’autorité.

Le maître : 

C’est l’adulte dont on est le disciple, qui est pris comme modèle par ses élèves, l’autorité à laquelle on se réfère pour apprendre, c’est celui qui enseigne, qui fait acquérir les connaissances et qui impose la discipline. Etre maître de sa classe, c’est en avoir le rôle principal et essentiel ; c’est aussi en disposer librement, être libre d’imposer ses règles et modes de travail.

L’élève :

Un enfant qui fréquente un établissement scolaire et qui reçoit les leçons d’un maître est un élève. Par ailleurs, un élève en botanique est une plante dont on dirige la croissance ou encore en agriculture, un animal né et nourri chez un éleveur.

On le voit, les termes utilisés ne sont par neutres, ils induisent lorsqu’on les utilise une vision plutôt réductrice des interactions maître-élève dans nos classes. Les aspects répressifs et coercitifs marquent l’utilisation de ces termes. L’élève indiscipliné, c’est celui qui refuse l’obéissance et qui est rebelle aux lois et aux règles que lui impose l’autorité. Il est donc sanctionné et puni.

Questionnements

Malgré ou à cause de ces représentations induites par les termes utilisés, on nous rabat les oreilles à propos d’une crise de l’autorité à l’école. Les parents d’élèves réclament des maîtres fermes afin de maintenir un ordre local certain dans la classe, mais quelques-uns n’hésitent pas à remettre en cause telle ou telle décision. En effet, on a vu des élèves de collèges défendus par des avocats rémunérés par les parents en conseil de discipline. Ne serait-ce pas plutôt une crise de l’autoritarisme en tant que système de régulation de la vie en collectivité ?

Certes, mais, nous répondra-t-on, certaines classes sont particulièrement difficiles, les maîtres ont du mal à imposer leur autorité à ces élèves. 
Qu’est-ce qui fait la discipline d’une classe ? 
Qu’est-ce qui fait l’autorité d’un maître ? 


L’institution scolaire attend de nous cette discipline :

« L’une des obligations essentielles de l’instituteur est de faire respecter l’ordre et la discipline en classe. »
Arrêté du 23 novembre 1971

Mais nous en donne-t-elle les moyens ? Les mesures ici nécessaires se limitent-t-elles à l’absence de troubles en classe et dans l’établissement ?

« Aucune sanction ne peut être infligée. Seul est autorisée l’isolement sous surveillance d’un enfant momentanément difficile pendant un temps très court »

« Tout châtiment corporel pour quelque cause que ce soit est strictement interdit. Aucune sanction ne peut être infligée à un élève pour une insuffisance de résultats »
Arrêté du 26 janvier 1978

L’indiscipline dans une classe n’est-elle pas une notion particulièrement relative ? En effet, on peut considérer que la mauvaise tenue d’un cahier ou d’un classeur est une manifestation de l’esprit rebelle d’un élève, ou encore que le moindre chuchotement incongru et déplacé lors d’une séance est un manquement grave et une remise en cause de l’autorité qui réclame à ce moment un silence quasi religieux. 

Quelles sont donc les manifestations de l’indiscipline, les manquements à la discipline dans nos classes ? Quelles réponses peut-on apporter ?


L’indiscipline en classe

Pour décrire ces manifestations de l’indiscipline, expériences et observations sont nécessaires.

Le bruit, les bavardages.

Le niveau sonore accepté par chaque adulte varie. On peut considérer une classe bruyante comme organisant un chahut alors que d’autres la verraient comme une classe vivante et active. « Une ruche qui ne bourdonne plus est une ruche morte » se plaisait à dire un inspecteur que quelques lecteurs reconnaîtront. Le stress induit par le bruit est particulièrement communicable, des élèves au maître, du maître aux élèves.

Qu’attendons-nous du silence dans une classe ? Quelle vertu pédagogique a-t-il ? A quel moment ? Pourquoi faire ?


- D’abord les locaux eux-mêmes sont-ils suffisamment pensés pour éviter que chaque son ne se transforme en bruit difficilement supportable (fenêtres, portes, murs, isolations acoustiques, …) ? 
- Ensuite le moment de la séance dans laquelle le silence est nécessaire est important. En effet, certaines séances ne seront pas menées à des moments particuliers (récréations, séances d’éducation physique d’autres classes, salon du Bourget …)
- Notre préoccupation première est que les élèves nous écoutent. Une grande partie de notre travail est de donner des consignes, des informations utiles, apporter des compléments, et pour cela le silence est nécessaire

Les rituels sont une des nombreuses solutions à cette préoccupation. On peut citer des regroupements près du tableau, éloignés des bureaux de travail habituels, dans un espace conçu pour la prise de parole, ou encore la main levée du maître qui signifie une demande forte et nécessaire de prise de parole et d’écoute, … ces rituels sont à imaginer, à concevoir et à mettre en œuvre avec les élèves.
- On réclame également le silence lors de travaux plus personnels. En effet, on attend d’eux afin qu’ils puissent profiter de notre enseignement, qu’ils s’entraînent et travaillent sérieusement, qu’ils soient attentifs et disponibles. On en déduit que le bruit est une nuisance à leur attention et à leur travail. Ce qui est peut-être faux, certains d’entre nous travaillent avec de la musique voir même la télévision en fond sonore, sans que cela nuise à notre attention et à notre concentration. A l’enseignant de déterminer s’il y a réellement nécessité d’obtenir un silence complet (évaluations par exemple).
- Et ces bavardages ? Que sont-ils ? Il paraît important de les connaître, de savoir ce qui se dit. S’agit-il de discussions et de débats dans la logique de la vie de la classe, les recherches en cours, les questionnements et les confrontations nécessaires aux apprentissages ? S’agit-il de discussions dues à des événements extérieurs à la classe ? Des conflits entre élèves dans la cour ou à l’extérieur de l’établissement qui alimentent les discussions ? Un problème d’organisation des groupes de travail, une difficulté due à la consigne, un manque de clarté des consignes, un défaut de matériel, … ?

Une fois les raisons et les causes des bavardages identifiées par le maître, il est plus aisé d’y apporter une réponse adaptée. A chacune des causes, une réponse soit immédiate, soit différée peut être apportée. Les conseils permettent cette mise à distance : « Je sais ce qui vous préoccupe, on en reparlera, je propose de le mettre à l’ordre du jour du prochain conseil ». S’il s’agit de reformuler les consignes, cela peut être fait soit collectivement en reprenant la parole, en se servant des rituels évoqués plus haut ou bien de manière plus individualisée en demandant cette reformulation dans les groupes « bavards », ou encore s’approcher des élèves et aider à organiser le travail afin de définir la tâche demandée et les modalités d’action.

On note que souvent, si on parle plus fort, les bavardages continuent malgré notre présence sonore et notre insistance. Si on baisse la voix, ils cessent ou se réduisent.

Les déplacements, l’agitation.

On se contentera de parler ici de déplacements dans la classe. Là encore, comme pour le bruit, le niveau d’agitation acceptable est variable selon le seuil de tolérance de l’enseignant. 

Quels déplacements sont possibles dans ce lieu clos ? Là, faisons confiance aux élèves, ils en trouvent toujours : un papier à jeter à la corbeille, un crayon à tailler, un instrument manquant, un dictionnaire ou un document indispensables à aller consulter, une mauvaise vison du tableau, une fenêtre à fermer, à ouvrir, une consigne, un conseil, une aide à demander au maître, une affiche à lire, un renseignement à demander au copain, un stylo prêté hier au copain qui est justement à l’autre bout de la classe, voire même dans une autre classe.

Quelles raisons de s’agiter un peu ? Une feuille introuvable dans le cartable, dans la case, un stylo, une règle tombée au sol, un cahier à fermer et à ranger avant se sortir un autre cahier ou ce fameux cahier de textes, une soif soudaine, un malaise quelconque, la recherche d’une position plus confortable, …

Pourquoi notre recherche d’une classe constituée d’élèves inertes ? Là encore, une image, une représentation de l’élève, l’écolier modèle. Qui n’a pas tapoté sur sa table, ne s’est pas gratté, pincé le nez, agité les jambes, mordu les ongles, levé, assis de nouveau puis encore levé lorsqu’il écrit ou réfléchit. Observez-vous vous-même lorsque vous préparez la classe, ou lorsque vous travaillez …

L’organisation matérielle de la classe et les rituels -encore eux- prennent une valeur inestimable si l’on désire éviter ces moments de flou artistique pendant lesquels nos élèves s’agitent si souvent. 

Comme pour les bavardages, une observation de la classe, locaux et aménagements définira les modalités d’organisation qui vont réduire ces déplacements et l’agitation. Un certain ordre et une rigueur adaptés permettront aux élèves de savoir où trouver rapidement un dictionnaire, un manuel, une feuille, un cahier, un classeur. Lors des changements d’activités, une discussion peut s’engager avec eux sur ce qui vient d’être fait et sur ce que l’on va faire. Se placer derrière sa chaise, silencieuse, presque religieusement est une coutume que je trouvais ridicule et d’un autre âge il y a encore quelques temps, mais qui me paraît aujourd’hui être un bon moyen pour l’enfant d’endosser son costume d’élève avant de s’asseoir et donc être prêt à entamer le travail scolaire. Encore un rituel !

Les relations conflictuelles élève-enseignant

N’ayant aucune formation en psychologie, seules seront décrites et analysées des situations issues de l’expérience professionnelle. Cependant, on peut avancer qu’un conflit est la marque d’une opposition ponctuelle ou systématique de points de vue, d’opinions, de sentiments ou d’intérêts. Dans la plupart des cas, un des deux protagonistes n’accepte pas ce que l’autre fait ou dit

En identifiant et classant quelques comportements et attitudes générateurs de conflit essayons de savoir qui de l’enseignant, de la personne, de l’enseignement ou de l’autorité est visé puisque très souvent c’est nous en tant que personne qui subissons et réagissons. De même qui de l’enfant, de l’élève, du travail est en cause lorsqu’un de nos actes « déplait » à un élève. C’est lorsque l’intégrité de l’un ou l’autre des protagonistes est ressentie comme atteinte que le conflit prend des proportions inacceptables.

L’analyse transactionnelle et les positions de vie apportent une grille de lecture de situations génératrices de conflit :


Une position de vie se définit par l’évaluation de nos relations, et s’exprime selon la structure suivante :
« Comment je me considère / Comment je considère l’autre (ou les autres) ».
Chacune de ces deux évaluations peut être :
 essentiellement positive, elle est alors notée « OK+ »  
 ou essentiellement négative elle est alors notée « OK- »  
Les positions de vie suivantes peuvent donc être envisagées 
 OK-/OK- : je suis mauvais et les autres sont mauvais
 OK-/OK+ : je suis mauvais et les autres sont “bien”
 OK+/OK- : je suis “bien” et les autres sont mauvais
 OK+/OK+ : Je suis “bien” et les autres sont “bien”.



Nous ne développerons ici que quelques analyses de positions de vie face aux messages perçus par un comportement : 


Comportement de l’élève.

Dans un domaine « classique », en classe

Dans un domaine plus « moral » 
- se mettre en colère quelque soit la raison : « Je t’en veux, je te déteste »
- tricher ou tenter de tricher : « Je ne veux pas apprendre »
- agresser verbalement : « je réfute ton autorité »
- dire des grossièretés aux autres élèves : « Je n’aime pas les autres »
- mentir au professeur, inventer des histoires : « Je te dis ce que tu as envie d’entendre »
Dans un domaine plus « personnel »
- jugement personnel de l’enseignant : « Je ne te respecte pas en tant que personne »
- avoir une tenue vestimentaire inadaptée : « Je cherche à provoquer l’institution »
- avoir une posture désinvolte : « Je cherche à provoquer l’enseignant »

Comportement de l’enseignant 

En classe, pendant une séance
- Réprimander à raison 
- Réprimander injustement
- Donner une sanction ou une punition disproportionnée
- Réagir aux propos de l’élève et porter un jugement
- Donner des ordres autoritairement ou répétés
- Confisquer un objet
- Contraindre physiquement
Domaine « moral » 
- se mettre en colère quelque soit la raison
- agresser verbalement
- tenir un langage inadapté
- menacer
- promettre sans tenir
Domaine « Personnel »
- jugement personnel sur l’élève
- montrer une réticence ou un rejet d’un élève
- avoir une attitude désinvolte


La première position de vie, OK-/OK-, s’avère d’emblée difficile à vivre : la personne n’a pas d’estime pour elle-même et n’apprécie pas plus autrui, les autres pouvant être considérés comme sans intérêt, sans qualités, éventuellement malveillants voire dangereux. Il n’y a pas d’acceptation de soi ni de l’autre ; la négativité imprègne totalement les relations.
Les deux positions suivantes (OK+/OK- et OK-/OK+) sont plus « ordinaires » dans le principe, posant problème à mesure du déséquilibre entre l’image de soi et celle d’autrui. Situations courantes en effet, si l’on s’aperçoit que l’un des jeux les plus courants que pratique l’être humain dans ses relations repose sur l’un des deux principes suivants :
« Ce que je suis, ce que je sais, ce que je possède (…) vaut bien mieux que ce que tu es, ce que tu sais, ce que tu possèdes » (Position de vie OK+/OK-). ou : « Ce que je suis, ce que je sais, ce que je possède (…) vaut bien moins que ce que tu es, ce que tu sais, ce que tu possèdes » (Position de vie OK-/OK+).
Les inconvénients de ces deux positions de vie apparaissent aisément. Dans chacun de ces deux cas, les relations entre humains s’avèrent difficiles, étant chargées d’arrogance et d’orgueil, d’envie ou de honte, selon que l’on se sent supérieur ou inférieur à l’autre. Lorsque la position se veut dominante, l’ego que manifeste une personne irrite automatiquement celui d’autrui, générant du ressentiment, de la colère, des conflits. A contrario, lorsque l’on se sent inférieur à autrui, l’envie, la jalousie ou la honte qui peuvent en résulter engendrent la tristesse, la dépression, parfois l’agressivité. 
La position la plus favorable OK+/OK+ : Ce qui revient à : « Je m’accepte et je m’apprécie tel que je suis / Je t’accepte et je t’apprécie tel que tu es ». Le réalisme et l’équilibre sont ici comme ailleurs nécessaires. Il ne s’agit bien sûr pas de développer une arrogance superflue, ni de considérer naïvement que toute personne est parfaite. Mais plutôt de pratiquer une vision positive, en considérant en priorité les qualités de chacun


Des réponses ?

Quelles sont nos pratiques pour prévenir l’indiscipline de nos élèves ? Quelques observations basées sur l’expérience (encore !).
- dissuader souvent en répétant les interdictions et la loi
- menacer de punitions ou encore ce qu’on peut appeler le « chantage social » : la punition collective ou la suppression d’une activité voire d’une matière d’enseignement, l’intervention de personnes extérieures (directeurs, collègues, parents, …)
- expliciter les rappels à l’ordre, rappeler la loi et ses raisons d’être
- développer l’autonomie et la responsabilisation, certains pouvoirs sont délégués. Liberté d’agir et responsabilité des actes sont indissociables.
- mettre en place des rituels : lieux de paroles, gestuelle, habitudes immuables, …
- motiver en s’appuyant sur les composantes de la motivation : La reconnaissance, ou la connaissance de l’enfant quelques soient ses difficultés, son confort, l’image donnée d’une intelligence qui peut évoluer, le fait de rendre ou d’essayer de rendre l’élève conscient de ses stratégies et des attitudes qu’il a développées afin d’être plus efficace participent d’une meilleure perception de lui-même.
- Tenir compte des positions de vie, des états du moi, des reconnaissances de l’un et de l’autre dans un échange ou une transaction
- Mettre en œuvre des contrats dans lesquels chaque partenaire -enseignant, élève, parents éventuellement – s’engage.
- organiser pédagogiquement nos séances en pensant aux rythmes des élèves et au temps d’activité de chacun
- organiser matériellement la classe afin de prévenir les bruits et les mouvements inopportuns.

L’acte commis, quelles sont les possibilités de réponses de l’enseignant ?

Certaines fois un simple regard peut suffire, d’autres un rappel à la loi soit de manière individualisée soit par une exclamation forte et donc plus « sociale », presque adressée à toute la classe sera utilisée.

Les punitions, les sanctions, les réparations.

La punition 

C’est une peine que l’on inflige suite à un acte transgressif. Le but est d’infliger une douleur morale puisque infliger une douleur physique est interdit. Elle est souvent exagérée par la subjectivité de celui qui l’inflige. Pour un même acte, dans une même école la punition sera différente si elle est donnée par deux adultes différents, si elle est donnée sous le coup de la colère ou de l’émotion. Elle ne sert pas à réparer la transgression ou les actes mais à culpabiliser ou même à humilier. Elle démontre le pouvoir de l’adulte sur l’enfant et réclame sa soumission totale.

Circulaire de juillet 2000 : Les punitions infligées doivent respecter la personne de l’élève et sa dignité : sont proscrites en conséquence toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l’égard des élèves. 
Il convient également de distinguer soigneusement les punitions relatives au comportement des élèves de l’évaluation de leur travail personnel. Ainsi n’est-il pas permis de baisser la note d’un devoir en raison du comportement d’un élève ou d’une absence injustifiée. Les lignes et les zéros doivent également être proscrits
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La sanction 

C’est une mesure de répression suite à une transgression qui, si elle est volontaire est donc « sanctionnable ».. Il s’agit d’éviter qu’un acte commis se reproduise. Elle sera basée sur des interdictions ou des privations. La liberté d’agir de chacun est soumise à ses propres responsabilités. Et c’est sur l’exercice de ces responsabilités que l’on agit. 
La loi est connue et les sanctions également. Un garant des lois est identifié, il est chargé de rappeler la loi et les conséquences d’actes transgressifs, ce peut être le maître, le directeur, un conseil coopératif ou un conseil d’élèves. L’élève se confronte à la réalité de la Loi, la loi du groupe (attention à la force du groupe face à un individu !). Des exclusions peuvent être décidées. Il peut s’agir de la privation momentanée d’un droit : une responsabilité dans la classe, la possibilité de se déplacer, d’emprunter du matériel, …

La réparation 

C’est une mesure où l’élève transgresseur qui a commis un acte répréhensible est de nouveau actif alors qu’il est passif en cas de punition ou de sanction. Son accord est donc indispensable. La réparation doit garder un caractère éducatif et n’être en aucun cas humiliante. La notion de réparation est indissociable de la notion de responsabilité personnelle. En direction de la victime (des excuses, de l’aide, par exemple) ou tout simplement pour signifier que l’on entend rester membre d’un groupe, la réparation a un lien direct avec la transgression.

En guise de conclusion

Pas de solution miracle, une recette ? Juste quelques réflexions.
Instaurer dans sa classe un climat serein et de confiance possède quelque chose de l’ordre de l’alchimie. Mais l’observation des élèves, leur reconnaissance, le respect de leur parole, l’instauration de rituels, la mise en place d’instances participatives, une discipline raisonnée, des lois claires et des sanctions connues de tous en sont quelques ingrédients.

« La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence. »
Le Bon, Gustave 1841-1931

« La démocratie, plus qu’aucun autre régime, exige l’exercice de l’autorité. »
Saint-John Perse 1887-1975

« Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles » 
de Gaulle, Charles 1890-1970 

« L’autorité, c’est moins la qualité d’un homme qu’une relation entre deux êtres. » 
Barrès, Maurice 1862-1923

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Protocole sanitaire – version light

Lecture : 3 min.

Le protocole sanitaire disponible sur éducation.gouv.fr est un document réalisé par le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports le 9 juillet 2020.
On peut lire le document sur le site de la Circo d’Epinay.

Il apporte des consignes différentes par rapport au mois de juin 2020 après la reprise des cours pour l’ensemble de la population scolaire.

Que dit ce protocole ?

Dans son préalable :

Ils (les parents) s’engagent à ne pas mettre leurs enfants à l’école, au collège ou au lycée en cas de fièvre (38 °C ou plus) ou en cas d’apparition de symptômes évoquant la Covid‐19 chez l’élève ou dans sa famille.
Les personnels doivent s’appliquer les mêmes règles.

Guide sanitaire rentrée 2020-2021

On connait tous ce parent : “Il a la gastro, un peu de fièvre, … mais il voulait venir. Je vous le mets quand même.”
Dès septembre, dès qu’un enseignant a un peu de fièvre, il reste chez lui ? des remplaçants sont prévus ?

La distanciation physique n’est plus obligatoire lorsqu’elle n’est pas matériellement possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves

Guide sanitaire rentrée 2020-2021

Fin des 4m2 par élève, fin du mètre latéral … plus d’obligation … On retourne donc à une situation ordinaire comme si la crise sanitaire prenait fin grâce à ce protocole.

Toutefois, les élèves de plus de 11 ans doivent porter le masque de protection

Guide sanitaire rentrée 2020-2021

On comprend donc que les élèves de moins de 11 ans ne doivent pas porter de masque … On veillera donc en CM2 à vérifier les dates anniversaires de nos élèves les plus âgés afin de leur offrir ou faire offrir un masque comme cadeau. Cet élève, un peu plus grand, un peu plus vieux devient donc dangereux à partir de sa date anniversaire, méfiance donc.

Les enseignants de maternelle n’ont plus besoin de masque, les autres seulement s’ils s’approchent des élèves, (en faisant toujours très attention à celui qui vient d’avoir 11 ans). Le protocole nous dit même où et comment accrocher son masque quand on ne l’utilise pas …

On lit également que, contrairement à ce nous avons pu mettre en oeuvre en mai et juin, les classes peuvent se mélanger allègrement. Cela risque de faciliter l’identification des contacts en cas de déclaration d’un foyer infectieux (cluster en français actuel).

Les élèves vont pouvoir utiliser du matériel collectif … livres, jeux et même le crayon que tout le monde mâchonne. Le virus ne survit plus en milieu scolaire. Espérons que le ministère informera l’institut Pasteur de cette découverte majeure.

Et voilà, c’est tout …

Ah si … les gestes barrière …

Pensez à organiser vos emplois du temps pour prévoir les temps de lavage des mains le matin, à chaque récréation, à la plus méridienne, en entrant et sortant de classe, en quittant l’école …

Quoi en penser ? Nous ne sortirons pas facilement cette crise sanitaire. Après quelques semaines, dans une école de 300 élèves, avec plus de 20 adultes, des parents d’élèves, du personnel communal … et ce protocole light ?

Autre pays pour information : Pour l’application du projet de réouverture des écoles en toute sécurité cet automne, Israël (9 millions d’habitants) devra embaucher 15 000 nouveaux enseignants …

Et le ministère annonce dans sa circulaire de rentrée : 1248 postes créés dans le cadre de la crise sanitaire … léger … comme le protocole.

Coronavirus et enfants: pourquoi vous entendez tout et son contraire, huffingtonpost.fr, 31/07/2020

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Le ministère se met au vert

Lecture : 5 min.

En juillet, pleines vacances, un décret annonce la modifications des programmes de maternelle, de l’élémentaire du CP à la 6ème … Angoisse des enseignants …

Que se passe-t-il ? Les fondamentaux dont on nous rabâche la priorité ? retrouvera-t-on une priorité sur la grammaire pour laquelle la terminologie vient d’être fixée par le ministère ? sur le lexique et la syntaxe et les enjeux….

Les documents paraissent … On lit, on regarde … on ne comprend pas … pas de changements marquants … Paraissent sur certains blogs, sur les réseaux les modifications puis enfin sur eduscol.education.fr.

À la lecture, et si ce n’était qu’un toilettage écologique suite aux résultats des élections et la progression des Verts ?

Modifications des programmes – juillet 2020

Quelles sont ces modifications ? On en lit les intentions en recherchant quelques mots-clés : développement durable : 24 occurrences ; biodiversité : 17 occurrences ; climat : 12 occurrences.

Exemples au cycle 3 :

En français : aucune modification. Si … si … aucune … j’ai vérifié au moins trois fois. Vraiment !

En Langue vivante : on trouve un nouveau lexique à “posséder” : écohabitat, maisons passives, toits végétalisme, biodiversité …

Ce qui va surement aider nos élèves à produire de l’oral en continu dans une conversation courante …

Extraits programmes Cycle 3 – 2020

Comment dit-on en réponse à Where is Brian ? Brian vit dans une maison passive avec un toit végétalisé dans un éco-quartier? (merci aux collègues anglophones de corriger ma traduction) Brian lives in a passive house with a green roof in an eco-district?

En Arts plastiques :
Ils [les élèves] sont également sensibilisés aux enjeux des matériaux employés, qu’il s’agisse de réemploi, de matériaux transformés par la physique ou la chimie, dégradables ou non.” et plus loin “Les qualités physiques des matériaux : caractéristiques des matériaux (matériaux de récupération, matériaux non transformés, matériaux issus de transformations physiques ou chimiques, biomatériaux)
Essentiel quand on connaît les enjeux de la discipline et en particulier ceux culturels et de l’histoire des Arts.
En Education musicale :
Rien si ce n’est : Décrire et comparer des éléments sonores issus de contextes variés, artistiques ou naturels.” Ah … partir en promenade bucolique avec ses élèves et écouter pour décrire les bruits de la nature ? …
En Histoire des Arts :
Aucune modification … aucune …

En éducation physique et sportive :
Aucune modification … aucune … ah si … : “randonnée pédestre en pleine nature” (en lien avec l’éducation musicale ?) de quoi faire en banlieue parisienne avec la restriction des cars et des sorties en ce moment.

En éducation morale et civique :
C’est là où l’on aperçoit vraiment que la dimension ‘morale’ de la prise de conscience des enjeux climatiques est essentielle pour les rédacteurs des programmes … le bien et le mal, les actes citoyens, … le retour des colibris.

et plus loin on trouve une référence à la La charte de l’environnement de 2004 et l’intention de “développer une conscience civique, y compris dans sa dimension écologique“, puis encore on lit plus loin :
La solidarité individuelle et collective nationale ou internationale (face aux défis environnementaux, aux catastrophes naturelles, aux risques sociaux). La responsabilité de l’individu et du citoyen dans le domaine de la santé, du changement climatique, de la biodiversité et du développement durable.

Histoire :
Les énergies majeures de l’âge industriel (charbon puis pétrole) et les machines , les profonds changements sociaux et environnementaux.” sont proposés comme thèmes. Important, évidemment. Mais ces sujets mériteraient d’être bien plus développés au regard des impacts sur l’écologie et la société que vont avoir ces révolutions industrielles.

Géographie :
On étudie les déplacements dans le cadre du développement durable : la lutte contre la pollution, le recyclage, les moyens de transport.
Léger, non ? La part de l’industrialisation dans l’augmentation du CO2, des gaz à effet de serre, la déforestation, l’élevage, les engrais … mieux vaut leur dire d’être citoyen, de trier leurs déchets, de nettoyer la cour ou leur cité que de questionner les causes du réchauffement climatique.

Sciences :
Matière, mouvement, énergie, information : “Ils sont sensibilisés aux enjeux du changement climatique, de la biodiversité et du développement durable” et après quelques modifications sur le domaine de la matière et du vivant on trouve : “La question de la toxicité de certaines substances pour les milieux naturels peut être abordée.” Enfin, on va pouvoir évoquer du glyphosate et des insecticides utilisés sur les betteraves destructeurs des abeilles.
Le vivant, sa diversité et les fonctions qui le caractérisent : “Les élèves constatent les modifications à différentes échelles de temps dans les peuplements des milieux : les peuplements changent au cours des saisons, l’association des espèces change à l’échelle des temps géologiques.” et surtout : “Mettre en évidence l’interdépendance des différents êtres vivants dans un réseau trophique
Matériaux et objets techniques : on cherche à éduquer au “respect de contraintes notamment environnementales (réduire la consommation d’énergie, utiliser des matériaux recyclables, etc.).” et plus loin “Ils sont sensibilisés à la relation entre les usages d’outils numériques, leur consommation énergétique et les dangers pour la santé de leur usage intensif” Education de colibris encore.
Recyclage, sensibilisation, pas loin de l’éducation morale, non ?
La planète Terre. Les êtres vivants dans leur environnement

Extraits de programmes Cycle 3 2020

Mathématiques :
Aucune modification si ce n’est ce paragraphe introductif …

Des problèmes à inventer concernant donc non plus des baignoires qui se remplissent (trop coûteux en eau, pas bien !!!) mais des douches, des trains plutôt que des voitures, on évitera également l’achat d’objets en plastique dans les situations proposées …

On voit bien quelle mouche a piqué les rédacteurs des programmes, il ne s’agissait que de modifications de surface, une opération esthétique pour plaire … à qui ? une réaction aux élections ?

Pourquoi une modification des programmes seulement pour cela ? Une circulaire présentée à la rentrée, avec des outils et pistes pédagogiques aurait fait l’affaire. Appuyée par les équipes d’encadrement DASEN et IEN, elle aurait été bien plus efficace avec quelques crédits débloqués pour les projets des établissements accompagneraient ces objectifs éducatifs.

On regrettera que même avec cette volonté écologique, certes louable, ils ne proposent que des éléments cosmétiques, rien de profond ni efficace en terme de compréhension des enjeux, voire même ils masquent les causes capitalistes du réchauffement …

L’écologie ne saurait être qu’une leçon de morale.

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L’école des antipédago …

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Aux Editions Libertalia : https://www.editionslibertalia.com/catalogue/nautre-ecole/7-l-ecole-des-reac-publicains

Paru en 2016. 10 euros.

Encore d’actualité et permettant de comprendre les enjeux politiques de l’École. Militant, édifiant, important pour comprendre la haine des pédagos, l’antipédagogisme de certains …

La pédagogie noire du FN et des néoconservateurs

L’École est le champ d’intervention privilégié d’une galaxie intellectuelle et médiatique caressant le rêve de rétablir un état scolaire – et social – ancien.
Pour ces « réac-publicains » (Natacha Polony, Jean-Paul Brighelli, Alain Finkielkraut, Éric Zemmour…) évoquant inlassablement l’effondrement du niveau et la décadence de l’institution, le redressement de l’École préfigurerait la restauration de l’ordre et de la nation.
Leurs incessantes et virulentes polémiques s’inscrivent dans une tradition méconnue, celle de l’intérêt jamais démenti de l’extrême droite pour l’éducation.
Cet ouvrage relate l’histoire de cette « pédagogie noire » et décrypte ses déclinaisons contemporaines afin d’en révéler les enjeux sociaux et idéologiques.
Entre les sirènes du « nostalgisme » réactionnaire et le renoncement à toute perspective de transformation, il s’agit de retrouver le chemin d’une pédagogie de l’émancipation.

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La revue N’Autre école

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PUB : Questions de classe(s) publie régulièrement La revue N’Autre École.

Groupes, associations, syndicats, mouvements pédagogiques, collectifs de luttes ou individus ont besoin de lieux de convergence et de débat. Partant de ce constat, « Questions de classe(s) » se veut un site internet coopératif autour des luttes sociales et des pratiques pédagogiques visant l’émancipation.
www.questionsdeclasses.org/

Abonnement à la revue ici en ligne.